Les éternuements horribles étaient en fait du néerlandais.

 

La barrière de la langue peut parfois nous faire foncer dans le mur, assez violemment pour s’y éclater la tête. Pierre S., un jeune français, en a fait l’amère expérience lors de ses récentes vacances aux Pays-Bas.

 

Mardi, il est 19h lorsque Pierre arrive à la gare d’Amsterdam. Malgré son impatience d’aller se livrer tout entier à l’énorme patrimoine culturel de cette ville, il commence par aller poser ses affaires à son hôtel. Il se met ensuite en quête d’un lieu typique où se restaurer. Le hasard de ses pérégrinations au fil de google map lui permet de trouver sans trop de peine un McDonald.

À son entrée dans le restaurant, une première difficulté s'impose au touriste inexpérimenté : les locaux, tout à fait irrespectueux de l’étranger, ne se sont pas donné la peine d’afficher le menus en français. Pierre, misant tout sur les deux cours d’allemand qu’il n’avait pas séchés en quatrième, associés aux bases d’anglais acquises en jouant à Call of Duty, parvient à se faire une idée globale de l’offre. 

Son choix se porte finalement sur un menu BigMac, et il décide de se rendre à la caisse pour commander. Il accompagne sa demande d’un "please" triomphant, tout à sa fierté de pratiquer si bien l’intégration culturelle.

 

C’est alors que le véritable challenge entre en scène : le caissier répond quelque chose. Pierre, ne sachant trop s’il a affaire à un raclement de gorge où à quelque chose se rapprochant plus du cri, opte pour un éternuement. Il gratifie donc l’autre d’un "à vos souhaits" compatissant. Loin de lui être reconnaissant, l’indigène répète le même son guttural. L’échange se répète, puis continue une troisième fois.

C’est alors que Pierre fait une effarante réalisation : l’éternuement n’en était pas un, il s’agissait en fait d’un mode de communication primaire extrêmement répandu dans la région, le Néerlandais.

 

Pour mieux comprendre cet incident, nous avons fait appel à la linguiste et sociologue Joke Grap. Ses éclaircissements :

"Il est vrai que la nature du Néerlandais peut pousser un interlocuteur néophyte à penser à un éternuement, ou à une toux gutturale. C’est cependant une vraie langue, certes un peu plus moche que les autres, mais pas au point de ne pas mériter d’exister. Il faut juste un temps d’adaptation. Moi-même, lorsque j’ai appris le français, j’ai d’abord cru que la palette limitée de mes interlocuteurs était due à une maladie, avant de comprendre qu’il s’agissait simplement de la nature de la langue."

 

Nous conclurons sur ce beau message de tolérance, et souhaitons à Pierre tout le succès possible lors de sa visite prochaine du musée Van Gogh.

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